Kusangila, Kitongo James Jean-Pierre (1947-2021)(FR)
Naissance et conversion
Kusangila Kitondo James Jean-Pierre est né le 5 octobre 1947 à Kiniangi au Congo belge (l’actuelle République démocratique du Congo) dans le secteur de Panzi, le territoire de Kasongo-Lunda, et l’actuelle province du Kwango. Son père s’appelait Mwemba Kavuya et sa mère s’appelait Lubondo. Tous deux étaient originaires de Kiniangi et appartenaient à la tribu Yaka. Ils étaient chrétiens et membres de la paroisse Kiniangi de la CEFMC. Kusangila Kitondo était le troisième de cinq enfants, tous des garçons et tous morts aujourd’hui.
Kusangila a commencé ses études primaires à l’âge de cinq ans à la station missionnaire de la American Mennonite Brethren Mission (AMBM) à Panzi en 1952, et il a obtenu son certificat en 1957. Il a reçu Jésus-Christ en 1956 lorsqu’il était en cinquième année du primaire à Panzi. La prédication du Révérend pasteur Lusoki Simon sur Romains 3.23 et 6.23 lui a apporté la paix dans son cœur.
Études, mariage, et vie familiale
De 1957 à 1959, Kusangila a fait des études préparatoires à la station AMBM de Kipungu, dans le territoire de Payi-Kongila, sous la direction du missionnaire Ben H. Klassen. Il a obtenu son certificat de fin d’études préparatoires en 1959.
De 1959 à 1963, Kusangila a fait des études secondaires à Nyanga, une station de la Congo Inland Mission (CIM) dans la province du Kasaï. Le révérend pasteur Lusoki Simon l’a baptisé à Kiniangi en 1960. Ses études étaient interrompues par la guerre de Pierre Mulele qui a commencé en septembre 1963 dans le territoire d’Idiofa et de Gungu. À cause de cette guerre, l’école de Nyanga a été momentanément fermée et Kusangila et ses collègues sont rentrés à Kikwit par avion en décembre 1963.
Au cours du mois de janvier 1964, le représentant légal de l’Association des Églises des Frères mennonites du Congo (l’AEFMC, qui deviendra plus tard la CEFMZ et ensuite la CEFMC), John B. Kliewer, a sollicité une inscription spéciale à l’Athénée de Kikwit (une école officielle de l’État) pour les élèves venant de Nyanga. Ils ont pu y continuer leurs études pendant l’année scolaire 1963-1964. À l’Athénée de Kikwit, Kusangila a connu une discrimination de la part de certains élèves et professeurs. Il a donc sollicité une admission à l’Athénée de Kenge dans le territoire de Kenge, et il y a étudié pendant l’année 1965-1966. Ensuite, la rébellion ayant pris fin, Kusangila a regagné l’école secondaire de Nyanga où il a terminé ses études secondaires.
Kusangila Kitondo a épousé Luboko Mwemba le 7 septembre 1967 à la paroisse CEFMC de Panzi. Il était un bon mari envers sa femme. Les deux marchaient ensemble pour le culte et les autres activités de l’Église, et il l’a encouragée à devenir prédicatrice de l’Évangile de Jésus-Christ. Le couple a eu huit enfants – trois garçons et cinq filles – dont tous vivent encore. Ils s’appellent Kusangila Kitondo Fortunat, Kusangila Makiese Emilienne, Kusangila Batutiaku Martin, Kusangila Makumbu Yvette, Kusangila Lubondo Philomène, Kusangila Matondo Rosette, Kusangila Ngisa Patience et Kusangila Lelo Benjamin. En tant que père, Kusangila Kitondo avait une bonne attitude envers ses enfants, leur prodiguant conseils et dialogue, et faisant preuve de tempérance. Il était un homme souriant et non colérique qui aimait donner des enseignements bibliques pour l’encadrement de ses enfants. Il voulait que tous ses enfants grandissent dans la parole de Jésus pour être des responsables dans l’avenir et il les a donc fait étudier et travailler, tout en leur conseillant de placer Dieu devant toute chose et de reconnaître le Christ comme leur Sauveur. Il a orienté tous ses enfants dans les études profanes et tous sont des chrétiens.
Avec ses amis, Kusangila avait un esprit de considération. Certains de ses amis, telles que les familles de Tshiakeni, de Mukanza, et de Fumana Pierre, sont devenus comme des membres de sa famille.
Pasteur et professeur
Puisque Kusangila n’avait pas les moyens financiers pour continuer les études universitaires, il a jugé bon de commencer à travailler. Les autorités de la CEFMC l’ont envoyé successivement à l’école primaire de Kafumba dans le Kwilu et ensuite à l’école de Manzemba de Panzi dans le Kwango pour diriger et organiser ces écoles de 1968 à 1972.
Cependant, lorsqu’il était directeur de l’école primaire de Manzemba, Kusangila a eu la vocation de devenir pasteur. Les pasteurs et le missionnaire John Ratzlaff l’ont félicité et encouragé dans cette vocation. De 1972 à 1976 il a fait des études supérieures en théologie à l’Institut supérieur théologique de Kinshasa (ISTK ; l’actuelle Université chrétienne de Kinshasa ou UCKIN). À la fin de ses études théologiques, Kusangila a été affecté à la paroisse CEFMC Mbandu à Kikwit de 1976 à 1983. En même temps, il a servi comme professeur à l’Institut biblique de Kikwit de 1976 à 1979. Il a été ordonné pasteur à Panzi le 20 mars 1983.
Kusangila a mis son savoir administrative et pédagogique au profit des établissements d’enseignement de la CEFMC. En tant que pédagogue d’expérience, il a servi comme directeur et chef d’établissement dans les écoles de Kikandji, Kafumba, Panzi, Manzemba et Tambu-Tseke vers les années 1966 à 1970. Grâce à son travail, toutes ces écoles ont été agréées par l’État congolais et ont bénéficié des subsides nécessaires au paiement du personnel et au fonctionnement. Il a aussi été directeur de l’Institut biblique de Kikwit de 1976 à 1979. Et il était le représentant légal de la CEFMC lorsque le missionnaire John Esau a créé l’Institut biblique de Nzashi-Mwadi dans le territoire de Kasongo-Lunda en 1985.
Haut responsable de la CEFMC
Au niveau de la hiérarchie administrative de la CEFMC, Kusangila a monté tous les échelons. Il a été élu comme secrétaire administratif et représentant légal adjoint en 1979, poste qu’il a occupé jusqu’en 1984. Ensuite, il a été élu secrétaire général et représentant légal de la CEFMC de 1984 à 1991. Pendant ce temps il a bénéficié d’une bourse pour aller étudier au Mennonite Brethren Bible College (MBBC ; l’actuelle Canadian Mennonite University) à Winnipeg au Canada, où il a obtenu son certificat de séminaire en 1990. Sous sa direction, l’Église a grandi. À la fin de son mandat la CEFMC avait un effectif de 58 000 membres, répartis dans trois régions ecclésiastiques, 48 districts et 55 paroisses.
Kusangila a accompli bien d’autres choses pendant son mandat, car il s’est impliqué dans différentes initiatives de construction, d’élevage, de développement, de collaboration intercommunautaire et de fondation de paroisses et d’institutions de la CEFMC.
Kusangila était un éleveur de petit bétail et gros bétail, et il faisait du petit commerce et d’autres travaux. Lorsqu’il était dirigeant de la CEFMC, il a dirigé avec M. Ernest Dyck la participation de la communauté dans le Programme agricole protestant (PAP) initié par la Mennonite Brethren Missions/Services International (MBMSI). D’autres communautés, la CMCO (Communauté mennonite au Congo) et la CBCO (Communauté baptiste au Congo), étaient aussi membres et collaboraient dans l’élevage de gros bétail. Kusangila s’est impliqué surtout dans le développement du PAP à Kibolo au sud de Kikwit. Kusangila s’est aussi impliqué dans les coopératives initiées au Congo par Ernest Dyck en collaboration avec MEDA (Mennonite Economic Development Associates). Il a travaillé surtout dans les coopératives de Kafumba, de Panzi et de Kingwangala.
Kusangila a initié plusieurs autres projets de construction et de développement. Par exemple, il était membre fondateur du projet Habitat pour l’humanité pour la population de Kikwit à Kanzombi en 1982 comme négociant des crédits auprès des partenaires canadiens. Il était aussi membre fondateur de la coopérative d’épargne et de crédit de Lukolela, installée à la paroisse CUEBC (Communauté Union des Eglises Baptistes au Congo) à Kikwit. Il était membre fondateur du projet de construction de la Maison d’accueil (« guest house ») des protestants à Kikwit. Sous sa direction, des toitures ont été construites pour une vingtaine de paroisses de la CEFMC surtout dans le Kwilu, le Kwango et à Kinshasa.
Kusangila a fait des démarches administratives pour récupérer les terrains appartenant à toutes les églises protestantes de Kikwit qui étaient aux mains des personnes de mauvaise volonté. Sous son mandat, le Comité national inter-mennonite du Congo (CONIM) a été créé en 1988. Cette association regroupe les trois communautés mennonites au Congo. Kusangila a aussi fondé deux paroisses de la CEFMC, celles de Mbandu et de la Ville-Basse à Kikwit.
Kusangila était un homme sage. Il a rencontré deux difficultés importantes auxquelles il a pu donner des solutions concrètes. Premièrement, pendant son mandat la collaboration entre la CEFMC et les missionnaires de la MBMSI était parfois difficile car la mission détenait encore beaucoup de pouvoir économique et financier. Sous son mandat, le Comité exécutif central et l’Assemblée générale ont résolu que si le représentant légal de la Communauté était un Congolais, le secrétaire général devait être un missionnaire expatrié pour représenter la MBMSI. Cela a contribué à une meilleure collaboration pendant un certain temps.[1] (Cependant, quelques années plus tard, pour diverses raisons, les rôles du représentant légal et du secrétaire général ont été combinés et les missionnaires expatriés ont quitté les rôles de direction de la Communauté.)[2] Deuxièmement, après la création des trois régions ecclésiastiques de la CEFMC, il y a eu des conflits et des divisions entres les différentes régions. En réponse, Kusangila a organisé des commissions de sages qui aidaient à résoudre les problèmes dans chaque région ecclésiastique.[3]
Il a servi comme pasteur de la paroisse CEFMC de Bumbu de 2007 jusqu’à sa mort en 2020 suite à une courte maladie.
Cette biographie est réimprimée ici avec permission du Dictionnaire Biographique des Chrétiens d’Afrique – DIBICA (www.DACB.org). Vous pouvez consulter l’article originel ici: https://dacb.org/fr/stories/demrepcongo/kusangila/.
Voir également Kusangila, Kitongo James Jean-Pierre (1947-2021)
Bibliography
Kikweta A Mawa Wabala, Jean-Claude et Maurice Matsitsa-N’singa. « La Communauté des Églises des Frères mennonites au Congo ». Journal biographique des chrétiens d’Afrique 7, no. 2 (juillet 2022) : 37–56.
Kikweta Mawa Wabala, Jean Claude. Biographie des Bâtisseurs de la CEFMC, Tome 1 (de 1919 à 1959). Kinshasa, Centre Aaron Janzen, 2013.
Kusangila Kitondo Fortunat, fils ainé de pasteur Kusangila, interview par l’auteur le 5 juillet 2022 à Kinshasa, RD Congo.
Kusangila Kitondo James Jean-Pierre, interviews par Anicka Fast le 28 septembre 2018 et le 18 octobre 2018 à Kinshasa, RD Congo.
Malebe, Mubwayele Abdon. « L’administration des Églises des Frères mennonites au Congo de 1971-2012 : une étude comparative des représentants légaux congolais ». Mémoire de fin d’études pour Licence en Théologie, Faculté de théologie évangélique de l’Université chrétienne de Kinshasa, 2014.
Author(s) | Mubwayele Abdon Malebe |
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Date Published | 21 Feb 2023 |
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- ↑ Malebe Mubwayele Abdon, « L’administration des Églises des Frères mennonites au Congo de 1971-2012 : une étude comparative des représentants légaux congolais », Mémoire de fin d’études pour Licence en Théologie, Faculté de théologie évangélique de l’Université chrétienne de Kinshasa, 2014, p. 48.
- ↑ Kikweta A Mawa Wabala Jean-Claude et Maurice Matsitsa-N’singa, « La Communauté des Églises des Frères mennonites au Congo », Journal biographique des chrétiens d’Afrique 7, no. 2 (avril-juillet 2022), p. 49.
- ↑ Malebe, « L’administration des Églises des Frères mennonites au Congo », p. 48.