Coulibaly, Massié Cécile (1970-2021)(FR)
S’il fallait qualifier la vie de Coulibaly Cécile (née Poda), on la qualifierait de femme-orchestre ! En effet Cécile a appris à chanter, à danser et même à jouer du tambour après sa conversion. Devenue Madame Cécile Coulibaly suite à son mariage avec le pasteur Coulibaly Abdias, elle s’est engagée toute sa vie dans la louange de son Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.
Poda Cécile est née en 1970 à Nioro-Nioro dans la province du Poni, dans la région du Sud-Ouest du Burkina Faso. Elle était la benjamine d’une famille polygame de huit enfants. Son père était un garde de cercle, l’équivalent d’un policier en Haute-Volta, devenu Burkina Faso aujourd’hui. Sa mère était ménagère et s’adonnait à la préparation et à la vente du dolo, la bière locale à base du sorgho rouge produit localement.
La jeune Poda Cécile suivait donc ses parents dans les différents lieux d’affectation, notamment en pays mossi et senoufo, avant qu’ils ne prennent la retraite à Bobo-Dioulasso. Elle s’exprimait dans les deux principales langues du pays, à savoir le mooré et le dioula, en plus du lobiri, sa langue maternelle.
De l’école primaire à l’apprentissage des métiers, Poda Cécile n’a pas eu la chance d’aller plus loin à l’école parce qu’elle s’est arrêtée au cours primaire I. Cependant, plus tard elle a suivi des cours du soir jusqu’à l’obtention du certificat d’études primaires. Elle a suivi par la suite des cours bibliques décentralisés pour approfondir ses connaissances bibliques et édifier sa foi naissante. Elle s’est engagée en outre dans l’apprentissage des métiers à tisser, à tricoter et à coudre qui lui seraient utiles dans son évolution future.
Sa conversion
Les parents de Cécile étaient de la religion catholique, mais ils ne s’empêchaient pas d’avoir un pied sur les pratiques de la religion traditionnelle. Comme ses parents étaient toujours occupés à leurs tâches, Cécile et ses frères et sœurs ne recevaient pas l’affection parentale dont tout enfant a besoin. Cette situation a amené Cécile à déménager chez son oncle, Poda Michel, qui était chrétien évangélique. C’est dans cette famille que Cécile a rencontré le Seigneur, une rencontre qui a transformé sa vie!
Elle s’est fait baptisée dans l’église de l’Alliance Chrétienne à Sarfalao. C’est dans cette église que Cécile a tout appris : chants en chorale, en solo, instruments de musique etc. Elle s’est fait remarquer par un chef de chœur du nom de Drabo Michel qui l’a initiée aux techniques vocables des rythmes du mandé fait de balafon et du djembé. C’est dans ce registre que Cécile a connu du succès. Les responsables de l’Institut Maranatha ont aussi remarqué ses dons musicaux. Ceux-ci l’ont également engagée comme garde-bébé des étudiants de l’Institut.
Son mariage
Le jeune pasteur Coulibaly Abdias, qui venait d’être nommé pasteur de l’église évangélique mennonite à Orodara, était à la recherche de d’une âme sœur pour rentrer dans le ministère pastoral à plein temps. En ce moment, Cécile travaillait à l’Institut Maranatha comme garde-bébé, tout en suivant elle-même des cours. C’est là que son futur mari, à la recherche d’une perle rare, l’a remarquée.
Les démarches de fiançailles ont été menées par des personnes de confiance triées sur le volet. Car en pareille situation, il faut négocier l’accord des parents mêmes si ceux-ci ne sont pas chrétiens. C’est une période de conseils et les futurs mariés ne s’en privaient pas ! C’est après tous ces conciliabules que les différents accords furent obtenus pour célébrer le mariage le 5 mai 1994.
Les débuts du ministère du couple Coulibaly
Comme tout début, le ministère du couple pastoral n’a pas été du tout repos : une église composée d’une dizaine de membres sans revenus fixes était une épreuve et un défi à relever. Le couple pastoral devait travailler à temps partiel pour joindre les deux bouts. C’est ainsi que le pasteur Coulibaly devait travailler dans une librairie tout en assurant le ministère pastoral. Pendant ce temps Cécile menait des activités génératrices de revenus pour subvenir aux besoins de la famille et surtout pour assurer l’accueil des étrangers qui venaient chez le pasteur. Il y a eu des moments de doute, mais le couple a tenu bon en s’appuyant sur le Seigneur.
C’est alors que Madame Coulibaly a multiplié les répétitions de chants de louanges au Seigneur avec quelques femmes qui venaient à l’église. Le groupe de femmes, chantant et dansant en l’honneur du Seigneur, a suscité un effet d’entrainement des femmes. Son mari était encouragé par un tel engagement de son épouse et s’engagea davantage à son tour. Le ministère prit un envol.
Madame Coulibaly était connue pour la qualité de sa voix, la dextérité de ses pas de danse en l’honneur du Seigneur, et aussi son ardeur au travail. Elle développait des activités de confection d’objets utilitaires, et fabriquait des jus et des gâteaux à base des produits agricoles du terroir. Elle a mis en place un plan de commerce de pagnes auprès des femmes démunies et fortunées qui a connu un succès réel. Mais il y avait un problème. Madame Coulibaly n’avait toujours pas d’enfants après vingt ans de mariage. Pour qui connait l’importance de l’enfant dans la société burkinabè, il n’en fallait pas plus pour provoquer un divorce. Mais le couple a choisi de rester fidèle au Seigneur malgré tout. C’est un exemple de fidélité hors norme, surtout pour Cécile dont le mari était pasteur.
La mort de Cécile Coulibaly
Quand Cécile Coulibaly a quitté la maison conjugale en ce jour fatidique du 24 septembre 2021, elle ne savait pas qu’elle ne reviendrait plus dans cette maison qu’elle s’était donnée de la peine de bâtir ensemble avec son mari au secteur n° 6 de la ville d’Orodara. En effet Maman Coulibaly s’était rendue ce jour à l’église pour les répétitions des chants pour la louange du dimanche suivant.
Selon Mme Traoré Awa, l’une des lieutenants de Madame Coulibaly, les répétitions ont pris fin vers 17h et elle s’apprêtait à rentrer chez elle quand le drame s’est produit. Au moment de démarrer sa moto, elle a fait une chute qui a entrainé une perte de connaissance. Elle a été conduite immédiatement de l’église à l’hôpital d’Orodara, distant seulement de quatre cents mètres environ, mais il était trop tard. La chronique maladie d’asthme dont elle souffrait depuis longtemps a eu raison d’elle à ce moment dans ces circonstances inattendus.
La mort de Madame Coulibaly a provoqué une onde de choc dans toutes les églises mennonites du Kénédougou et aussi dans toutes les dénominations d’églises évangéliques à Orodara. De l’église à l’hôpital en passant par la morgue, puis de retour à l’église, une foule compacte a suivi le cortège funèbre à l’église pour la veillée.
Cécile Coulibaly fut inhumée le samedi 25 septembre 2021 après un hommage qui lui a été rendu par l’église du Christ en présence d’une foule de témoins venue des quatre coins du Burkina et du Mali.
L’héritage de Madame Coulibaly
En pareille situation, les langues se délient difficilement. Ce sont les sanglots et les larmes qui sont les manifestations d’une profonde douleur. Mais quelques jours plus tard, les témoignages sur la vie et la mort de Cécile Coulibaly affluaient de partout : de ses sœurs de l’église évangélique mennonite, des autres églises évangéliques de la ville d’Orodara et des localités environnantes.
Pour son mari le pasteur Coulibaly, Cécile était une femme de foi et d’engagement, une femme de confiance qui a su gérer les modestes ressources financières du foyer. Pour les uns, Maman Coulibaly était une femme travailleuse. Elle disait toujours la vérité, ne gardait pas rancune et était prête à demander pardon. Elle ne se décourageait pas facilement face à l’adversité. Pour les autres, elle était généreuse et compatissante aux problèmes des autres. Les partenaires commerciaux trouvaient en Cécile une cliente loyale qui payait ses dettes aux termes indiqués.
Alors avions-nous affaire à un ange en forme humaine parmi nous avec Cécile Coulibaly ? Non, pas du tout ! C’est le pasteur lui-même qui a répondu à cette question : « Quand Cécile se fâchait, il fallait user de pédagogie appropriée pour la calmer. Elle manquait souvent de patience » !
En conclusion, la vie et la mort de Madame Cécile Coulibaly est un message à titre posthume : l’ardeur au travail dans l’œuvre du seigneur, la générosité dans l’effort et la fidélité dans l’épreuve. Ainsi s’est envolée l’amazone de la foi vers son Seigneur qui est le rémunérateur de la foi placée en lui.
Cette biographie est réimprimée ici avec permission du Dictionnaire Biographique des Chrétiens d’Afrique – DIBICA (www.DACB.org). Vous pouvez consulter l’article originel ici: https://dacb.org/fr/stories/burkinafaso/coulibaly-cecile/
Voir également Coulibaly, Massié Cécile (1970-2021)
Bibliographie
Coulibaly Abdias, mari de Coulibaly Cécile. Interview par Ouédraogo Paul à Orodara, province du Kénédougou, Burkina Faso (11 février 2022).
Traoré Simone, amie de Coulibaly Cécile. Interview par Ouédraogo Paul à Orodara, province du Kénédougou, Burkina Faso (12 février 2022).
Poda Viviane, cousine de Coulibaly Cécile. Interview par Ouédraogo Paul à Orodara, province du Kénédougou, Burkina Faso (12 février 2022).
Drabo Michel, ancien chef de chœur de l’église Alliance chrétienne de Sarfalao. Entretien téléphonique par Ouédraogo Paul (12 février 2022).
Author(s) | Paul Ouédraogo |
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Date Published | March 2022 |
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